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Témoignages fausses couches



par Virginie Ballet publié le 6 mars 2023 à 21h00

Fausses couches : «C’est l'enfer d'aller au boulot avec un embryon mort à l’intérieur de vous» Article réservé aux abonnés L'Assemblée examine mercredi une proposition de loi prévoyant la mise en place d'un accompagnement psychologique en cas d'arrêt spontané de grossesse. Pour «Libé», quatre femmes témoignent des conséquences de ce traumatisme. Elle dit ressentir de la «colère vis-à-vis d'une société patriarcale qui n'en a rien à faire de ce problème». Mais des mots de Mathilde Lemiesle émane aussi un espoir latent qu'enfin «les choses changent». A 38 ans, cette illustratrice toulousaine souhaite que son combat passe d'un «sujet intime» à «une question politique, objet de débats publics». Elle qui a vécu quatre fausses couches entre 2015 et 2017 milite depuis pour améliorer leur prise en charge et faire sauter le «tabou» qui continue de les entourer. Avec cinq autres femmes engagées, elle a fondé, il y a près d'un an, un collectif baptisé Fausse couche, vrai vécu, à l'initiative d'une pétition réclamant une série de mesures afin de reconnaître qu'il s'agit d'un «sujet de société». Parmi elles: le déploiement d'une campagne nationale d'information, la mise à disposition de livrets dans toutes les maternités ou encore une meilleure formation des professionnels de santé. Près de 40 000 personnes ont déjà signé ce plaidoyer. Sont appelées fausses couches les grossesses arrêtées naturellement avant le stade de viabilité du fœtus, soit 22 semaines d'aménorrhée en France. La semaine dernière, la Première ministre, Elisabeth Borne, a ouvert une première brèche, en annonçant dans Elle la mise en place d'arrêts maladie sans jour de carence en cas de fausse couche, et ce, pour les travailleuses du public comme du privé. La mesure, précise Matignon à Libération, devrait entrer en vigueur «au plus tard au 1er janvier 2024». Lire la suite sur Libération Sensibilisation quasi inexistante

Egalement cofondatrice du collectif Fausse couche, vrai vécu, Judith Aquien, Parisienne de 39 ans et autrice de Trois Mois sous silence (éditions Payot, 2021), un ouvrage sur le tabou du début de grossesse, a vécu une expérience très similaire, découvrant le «vocabulaire sinistre et déshumanisant» employé pour évoquer ce qui l'attendait. «Parler d'expulsion, ça délégitime la souffrance. Ça a commencé chez moi, sans médicament. Des saignements très hémorragiques, affaiblissants, l'embryon qui sort. J'étais dans un état de tristesse et de mélancolie infinie». Mathilde Lemiesle, elle, se souvient de «termes purement médicaux. D'une approche et d'un discours très froids. Il était question de "grossesse arrêtée" et de "débris à évacuer"». Dans un mémoire consacré à ce type de diagnostics par les professionnels santé, Valentine Cornu, sage-femme, relevait que «le pronostic psyhologique des patientes est fortement influencé par la façon dont les professionnels annoncent la fausse couche, l'expliquent et la prennent en charge». «C'est tout sauf un non-événement, mais bien plutôt un moment potentiellement traumatique. Il s'agit de faire le deuil de cet enfant imaginé ainsi que d'un projet de vie. C'est loin d'être anodin, et pourtant, les femmes semblent souvent le vivre dans une forme de solitude», abonde Sylvie Companyo, psychologue et directrice de l'Ecole des parents et des éducateurs de Toulouse, association qui accompagne les familles autour de diverses thématiques, dont la périnatalité.

Diane Léonor, Francilienne de 37 ans, a elle aussi ressenti le besoin de coucher son expérience sur le papier (Deux Corbeaux et une cigogne, éditions Michalon, 2021) pour «libérer la parole». Une manière, aussi, de «poser ses émotions pour pouvoir s'en détacher», après deux arrêts naturels de grossesse. La première fois, elle se souvient de son «état de sidération quand le couperet est tombé. Je suis jeune, en bonne santé, je ne me sentais pas du tout possiblement concernée». Et pour cause: comme une vaste majorité de femmes, elle n'avait jamais été sensibilisée à cette probabilité, ni au cours du suivi de sa grossesse ni lors de sa scolarité, pendant les séances obligatoires d'éducation à la vie affective et sexuelle, que l'Hexagone peine toujours à dispenser vingt ans après leur déploiement. En publiant son témoignage, Diane Léonor voulait que les «soignants sachent ce qui se passe quand leurs patientes referment la porte derrière elles, et se retrouvent livrées à elles-mêmes». Si elle dit avoir finalement plutôt bien traversé ces moments, c'est grâce à la bienveillance d'une sage-femme qui a su prendre le temps de l'écouter pour répondre au mieux à ses besoins. En l'occurrence: laisser faire la nature, sans prescription de médicament ni aspiration. En cas de grossesse naturellement arrêtée, deux possibilités s'esquissent: l'expulsion naturelle du fœtus ou la prescription de misoprostol, médicament pris par voie orale pour provoquer des contractions de l'utérus et l'ouverture du col. «Pourquoi ne pas laisser davantage le choix aux femmes, quand il n'y a pas de risque?» se questionne-t-elle.

« Extrêmement cruel »


Lire la suite sur Libération Image Ulrike Mai de Pixabay








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