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Confinement et Ramadan

Dernière mise à jour : 16 mars 2021

Au Maroc, le Ramadan a débuté le vendredi 24 avril au coucher du soleil, après l’apparition de la nouvelle lune. Il se terminera un mois plus tard, au retour de la nouvelle lune.

C’est une période particulière pour les musulmans, une période de jeûne, de l’aube au crépuscule, où il ne faut ni boire, ni manger, ni fumer, ni avoir de relations sexuelles. Une période où le rythme de vie ralentit, où l’on peut éprouver les privations des pauvres et être plus sensible à leur sort et où, en évitant les distractions, on se rapproche de Dieu.

Les femmes enceintes, allaitantes, qui ont leurs règles, et les malades sont exemptés du Ramadan.

Cette période de Ramadan est différente de toutes les autres, car elle est vécue confinée.

Je me suis demandé ce que cela changeait pour les pratiquants car la situation est inédite et aussi pour nous, non pratiquants. Comment donc est-elle vécue ?

Une amie française musulmane, enceinte de huit mois, qui vit au Maroc m’invite à distinguer trois niveaux dans le vécu de ce Ramadan.

Le jeûne est peut-être moins éprouvant à vivre pour le corps qu’en période normale car, confiné à la maison, on peut s’allonger et se reposer quand on le souhaite. Néanmoins, pour ceux et celles qui ont perdu leur travail, les heures peuvent sembler s’égrener plus lentement que si on avait une activité et qu’on était occupé. Concernant les musulmans vivant dans un pays non musulman, comme la France, le confinement leur permet de vivre cette période de manière plus sereine. En effet, au Maroc, les habitudes changent durant ce mois. Les restaurants sont fermés, les horaires de travail sont adaptés, tout ralentit et c’est accepté. Et (quasiment) tout le monde jeûne. Ce n’est pas le cas en France.

Je me souviens alors d’une de nos stagiaires, à Paris, qui faisait le Ramadan dans une équipe qui n’avait aucune considération pour sa foi et sa croyance. Une période durement vécue qui l’a profondément marquée.

Au niveau spirituel, la journée est toujours rythmée par les cinq prières auxquelles on ajoute la lecture d’une partie du Coran. Le Coran est en effet divisé en trente sections pour faciliter sa lecture intégrale pendant ce mois sacré. Pour Flore, « le plus difficile, c’est de ne plus aller à la Mosquée tous les soirs, après la rupture du jeûne. C’est un moment de rassemblement et de communion magnifique. Imagine des centaines de fidèles, dans la mosquée et même parfois dehors quand il fait beau. Il y a un tel élan, c’est magique ! Cet aspect du Ramadan me manque beaucoup. »

Le dernier niveau concerne la rupture du jeûne qu’on appelle « Ftour ». C’est un temps d’échange convivial, en famille ou avec des amis. « Je prépare le Ftour avec mon mari tous les soirs et c’est beaucoup de travail. Il est clair que l’ambiance n’est pas la même. C’est moins joyeux. »

Quant à Mehdi, ce « Ramadan confiné » est l’occasion de revenir aux valeurs fondamentales de ce mois sacré et de remettre en avant son côté spirituel. « Avec les années, on a vu apparaître des tables, toutes plus somptueuses les unes que les autres. C’est un plaisir pour les yeux et on se régale bien sûr, mais c’était devenu trop. Tous les restaurants se sont mis à proposer des buffets mirobolants avec des prix exubérants, jusqu’à 700 dirhams (70€) pour le Four Seasons. Finalement, c’était devenu une course à qui offrira la plus belle table. Or une des valeurs du Ramadan est aussi la modestie.

Le fait de ne pas subir la mauvaise humeur du collègue parce qu’il a faim, soif, qu’il a envie d’une cigarette ou d’un café, ou qu’il s’octroie le droit de ne pas travailler ou mal, est aussi un avantage du confinement pour Mehdi. Il ajoute enfin « ne plus subir cette circulation folle et dangereuse particulièrement à l’heure du Ftour, c’est une bénédiction ! Je vis bien ce Ramadan confiné, où nos tables sont plus modestes et où on retrouve les vraies valeurs spirituelles du Ramadan. »

Pour nous, non musulmans, on sent aussi une différence. Mehdi l’a dit, la circulation est dingue là où nous vivons. Depuis le confinement, le calme est revenu. Le chant des oiseaux, le cri des mouettes au petit matin aussi. Mais c’est encore plus prégnant avec le Ramadan et le couvre-feu imposé de 19h à 5h du matin. Il règne un calme que nous apprécions et que nous n’avions jamais connu auparavant. Les rares fois où nous sortons de chez nous, nous prenons particulièrement garde aux voitures qui passent car les gens, dont le corps n’est pas toujours habitué aux privations, roulent vite et sont nerveux.


Pour l’heure, le confinement est prévu jusqu’au 20 mai au Maroc. La fin du Ramadan, le 23 mai. Espérons qu’il sera levé afin que les musulmans puissent fêter la fin de ce mois sacré ensemble.


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Diane Léonor a écrit un premier livre « Deux corbeaux et une cigogne » à paraître aux Éditions Michalon. Elle y raconte le vécu de fausses couches consécutives et l’accompagnement des soignants. Mais aussi le bonheur de la grossesse et d’un accouchement choisi.

Pour aider les couples, elle a créé le site Gloria Mama où on retrouve les enjeux et les messages clefs de son histoire ainsi qu’un podcast du même nom. Florilège de témoignages de femmes du monde entier et d’interviews de professionnels, elle invite à s’interroger sur ce que les femmes souhaitent pour que leur grossesse et accouchement restent des moments uniques de leur vie, vécus de manière positive et respectés par le corps médical.

Image Pixabay: Fauzan My

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